Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/316

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beaux vitraux qui sèment des pierreries sur les murs et sur les pavés. La foudre avait des roulements qui semblaient partir du sanctuaire même. C’était Jéhovah dans toute sa colère ;… mais cela ne m’effrayait pas. Le Dieu vrai que nous aimons aujourd’hui n’a point de menaces pour les faibles. Je l’ai prié là avec une confiance entière, et j’ai senti que je valais mieux après. Quant à ces beaux temples des âges rudes et farouches de la foi, on comprend qu’ils sont l’expression du grand mot mystère, dont il était défendu de soulever les voiles. Si M. de Villemer eût été là, il m’eût dit…

« Mais il n’est pas question de faire un cours d’histoire et de philosophie religieuse. Les pensées de M. de Villemer ne sont plus le livre où je m’instruisais du passé et qui me fera pressentir l’avenir.

« Tu vois que, grâce à l’envie que le bon Peyraque a de me montrer les merveilles du Velay, grâce aussi à ma capeline impénétrable, j’ai pu me risquer dans la ville et dans les faubourgs. La ville est partout pittoresque ; c’est encore une ville du moyen âge, toute semée d’églises et de couvents. La cathédrale est flanquée d’un monde de constructions antiques, où, sous des arcades mystérieuses et dans les plis du rocher qui les porte, on voit des cloîtres, des jardins, des escaliers et des ombres muettes qui passent sous le voile et sous la soutane. Il règne par là un silence étrange et je ne sais quelle odeur du passé qui donne froid et peur, non pas de Dieu, source de toute con-