Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/345

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pes ; l’écriture, c’était celle de madame Heudebert. Plus de doutes : la Charlette n’était autre que Caroline, et elle n’était peut-être pas partie, elle était peut-être dans la maison.

Dès ce moment, le marquis eut l’attention, la ruse, le calme et la finesse de perception d’un sauvage. Il découvrit le goulet de la petite fontaine qui communiquait avec le lavoir d’en bas. Le goulet était fermé, mais il y avait plus d’une fissure dans le plâtre qui l’entourait. Il y appliqua son oreille, et saisit la respiration égale et longue de Peyraque, qui dormait encore.

Aucune parole, si bas qu’elle fût dite, ne pouvait donc lui échapper. Quelques moments après, il entendit Justine se lever et prononcer ces mots distincts : — Allons, lève-toi, Peyraque ; notre pauvre Caroline n’a peut-être pas aussi bien dormi que nous !

— Une nuit est une nuit ! dit Peyraque ; d’ailleurs je n’irai la chercher que quand il sera parti, lui !

Justine écouta et reprit : — Il ne bouge pas, mais il a dit qu’il se levait avec le jour. Le jour n’est pas loin ; il doit s’en aller sans rien prendre, il l’a dit.

— C’est égal, reprit Peyraque, qui se levait et qu’on entendait encore mieux, bien qu’il parlât assez bas ; je ne veux pas qu’il parte à pied ; c’est trop loin ! Ton garçon lui sellera mon cheval, et, quand je le verrai en route, je partirai pour Laussonne.

M. de Villemer était fixé. Il fit du bruit pour annoncer qu’il se levait, et descendit après avoir glissé sa bourse