Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/359

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Une faible rougeur couvrit la figure livide, mais aucune parole ne put exprimer la joie. Le marquis craignait de rêver encore ; il se ranimait visiblement. La chaleur s’était concentrée sous la capote de la voiture qui lui servait d’abri. Il était là aussi bien que possible, étendu sur les manteaux de Caroline et de Peyraque.

— Mais il faudra pourtant sortir de là, pensa celui-ci, et ses yeux inquiets interrogèrent l’horizon éclairci. Le froid était vif, le feu s’éteignait faute d’aliment, et le malade ne marcherait certainement pas jusqu’aux Estables. Caroline, d’ailleurs, le pourrait-elle ? Les mettre tous les deux sur le cheval était la seule ressource ; mais l’animal exténué en aurait-il la force ? N’importe, il fallait essayer et lui donner d’abord l’avoine. Peyraque la chercha et ne la trouva plus : la flamme avait consumé le petit sac avec le coffre.

Une exclamation de Caroline lui rendit l’espoir. Elle lui montrait sur le relèvement du terrain qui les abritait une légère vapeur. Il y courut, et vit au-dessous de lui un char à bœufs qui approchait péniblement, et dont le bouvier fumait pour se réchauffer.

— Tu vois bien ! lui dit Caroline quand le char fut arrivé près d’eux ; Dieu nous a secourus !

M. de Villemer était encore si faible qu’il fallut le porter sur le char, heureusement chargé de paille, où Peyraque l’enterra en quelque sorte. Caroline y monta près de lui. Peyraque enfourcha son cheval, laissant