Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/371

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dame d’Arglade est ravissante ! C’est elle, chère maman, qui fait mon bonheur !

— Oh !… vous raillez, petite masque ! vous ne pouvez pas la souffrir. Pourquoi l’avoir amenée ici ? Je ne vous le demandais pas. Personne ne peut me distraire, si ce n’est vous !

— Je m’en charge plus que jamais, reprit Diane avec un charmant sourire, et justement cette d’Arglade que j’adore va me fournir des armes de bonne guerre contre votre vilain chagrin. Écoutez, bonne mère, nous tenons enfin l’affreux secret ! Ce n’est pas sans peine. Il y a trois jours que nous manœuvrons autour d’elle, le duc et moi, que nous l’accablons de notre confiance, de notre laisser-aller, de toutes nos plus tendres gentillesses. Enfin, la bonne personne, qui n’est pas notre dupe et que nos moqueries ont poussée à bout, vient de me donner à entendre que la grosse faute de Caroline a eu pour complice… Oh ! vous savez qui, elle vous l’a dit ! J’ai fait comme si je n’entendais pas ; j’ai bien reçu un petit coup dans le cœur… Non ! un gros coup, il faut être vraie ! mais j’ai couru trouver mon cher duc, et je lui ai jeté en pleine figure : — Est-ce vrai, ça, affreux homme, que vous avez été l’amant de mademoiselle de Saint-Geneix ? Le duc a bondi comme un chat… non ! comme un léopard à qui l’on marcherait sur la patte. — Ah ! j’en étais sûr, a-t-il dit en rugissant ; c’est la bonne Léonie qui prétend cela ! — Et alors comme il parlait de la tuer, j’ai dû le calmer et lui dire que je n’en croyais rien, ce qui