Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/99

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tilisée des volcans, jusque dans les interstices des coulées de lave qui la rayent dans tous les sens. À chaque détour anguleux de ces coulées, on entre dans un désordre nouveau qui semble aussi infranchissable que celui que l’on quitte ; mais quand des bords élevés de cette enceinte tourmentée on peut l’embrasser d’un coup d’œil, on y retrouve les vastes proportions et les suaves harmonies qui font qu’un tableau est admirable, et que l’imagination n’y peut rien ajouter.

L’horizon est grandiose. Ce sont d’abord les Cévennes. Dans un lointain brumeux, on distingue le Mézent avec ses longues pentes et ses brusques coupures, derrière lesquelles se dresse le Gerbier-de-Joncs, cône volcanique qui rappelle le Soracte, mais qui, partant d’une base plus imposante, fait un plus grand effet. D’autres montagnes de formes variées, les unes imitant dans leurs formes hémisphériques les ballons vosgiens, les autres plantées en murailles droites, çà et là vigoureusement ébréchées, circonscrivent un espace de ciel aussi vaste que celui de la campagne de Rome, mais profondément creusé en coupe, comme si tous les volcans qui ont labouré cette région eussent été contenus dans un cratère commun d’une dimension fabuleuse.

Au-dessous de cette magnifique ceinture, les détails du tableau se dessinent parfois avec une prodigieuse netteté. On distingue une seconde, une troisième, et par endroits une quatrième enceinte de montagnes également variées de formes, s’abaissant par degrés