Page:Sand - Le Péché de Monsieur Antoine, Pauline, L’Orco, Calman-Lévy, 18xx, tome 2.djvu/274

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« C’est bien, lui dit-elle, vous êtes exact. Entrons. »

En disant cela, elle se retourna brusquement vers l’église. Franz, qui voyait la porte fermée, et qui savait qu’elle ne s’ouvrait pour personne la nuit, crut que cette femme était folle. Mais quelle ne fut pas sa surprise en voyant que la porte cédait au premier effort ! Il suivit machinalement son guide, qui referma rapidement la porte après qu’il fut entré. Ils se trouvaient alors tous deux dans les ténèbres ; mais Franz, se rappelant qu’une seconde porte, sans serrure, le séparait encore de la nef, ne conçut aucune inquiétude, et s’apprêta à la pousser devant lui pour entrer. Mais elle l’arrêta par le bras.

« Êtes-vous jamais venu dans cette église ? lui demanda-t-elle brusquement.

— Vingt fois, répondit-il, et je la connais aussi bien que l’architecte qui l’a bâtie.

— Dites que vous croyez la connaître, car vous ne la connaissez réellement pas encore. Entrez. »

Franz poussa la seconde porte et pénétra dans l’intérieur de l’église. Elle était magnifiquement illuminée de toutes parts et complètement déserte.

« Quelle cérémonie va-t-on célébrer ici ? demanda Franz stupéfait.

— Aucune. L’église m’attendait ce soir : voilà tout. Suivez-moi. »

Le comte chercha en vain à comprendre le sens des paroles que lui adressait le masque ; mais, toujours subjugué par un pouvoir mystérieux, il le suivit avec obéissance. Elle le mena au milieu de l’église, lui en fit remarquer, comprendre et admirer l’ordonnance générale. Puis, passant à l’examen de chaque partie, elle lui détailla tour à tour la nef, les colonnades, les chapelles, les autels, les statues, les tableaux, tous les ornements ; lui montra le sens de chaque chose, lui dévoila l’idée cachée sous