Page:Sand - Le Secrétaire intime — Mattéa — La Vallée noire, 1884.djvu/283

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— Non, madame, répondit le nègre, c’est un très-beau jeune homme que je ne connais pas, et qui ne veut vous parler qu’en particulier.

— Dieu soit loué ! c’est un nouveau sigisbé qui me tombe du ciel, » pensa Veneranda  ; et elle fit retirer les témoins en donnant l’ordre d’introduire l’inconnu par l’escalier dérobé. Avant qu’il parût, elle se hâta de donner un dernier coup d’œil à sa glace, marcha dans la chambre pour essayer la grâce de son panier, fonça un peu son rouge, et se posa ensuite gracieusement sur son ottomane.

Alors un jeune homme, beau comme le jour ou comme un prince de conte de fées, et vêtu d’un riche costume grec, vint se précipiter à ses pieds et s’empara d’une de ses mains qu’il baisa avec ardeur.

« Arrêtez, monsieur, arrêtez ! s’écria Veneranda éperdue  ; on n’abuse pas ainsi de l’étonnement et de l’émotion d’une femme dans le tête-à-tête. Laissez ma main  ; vous voyez que je suis si tremblante que je n’ai pas la présence d’esprit de la retirer. Qui êtes-vous ? au nom du ciel ! et que doivent me faire craindre ces transports imprudents ?

— Hélas ! ma chère marraine, répondit le beau garçon, ne reconnaissez-vous point votre filleule, la coupable Mattea, qui vient vous demander pardon de ses torts et les expier par son repentir ? »

La princesse jeta un cri en reconnaissant en effet Mattea, mais si grande, si forte, si brune et si belle sous ce déguisement, qu’elle lui causait la douce illusion d’un jeune homme charmant à ses pieds. « Je te pardonnerai, à toi, lui dit-elle en l’embrassant  ; mais que ce misérable Zacharias, Timothée, ou comme on voudra l’appeler, ne se présente jamais devant moi.

— Hélas ! chère marraine, il n’oserait, dit Mattea  ; il