Page:Sand - Le compagnon du tour de France, tome 1.djvu/38

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qui n’avait pas semblé écouter M. Lerebours, répondit d’une voix assurée :

— Monsieur l’économe, j’ai appris dans mes voyages tout ce que j’ai pu apprendre ; mais il n’y a rien dans ces oves, dans ces torsades, et dans le rapport de toutes ces pièces, que mon père ne soit capable d’entreprendre et de mener à bien. Quant aux figures et aux ornements délicats, ajouta-t-il en baissant un peu la voix par un sentiment de secrète modestie, ce serait une tâche faite pour nous tenter l’un et l’autre ; car c’est un beau travail et il y aurait de la gloire à l’accomplir. Mais cela nous demanderait beaucoup de temps, nous n’aurions peut-être pas tous les outils nécessaires, et, à coup sûr, nous ne trouverions pas dans le pays de compagnons pour nous seconder. Ainsi nous nous tiendrons à notre partie. Maintenant vous plaît-il de nous montrer la place et le plan de l’escalier dont vous avez parlé ?

Au fond de la chapelle, la petite porte dont j’ai parlé, mystérieusement enfoncée dans l’épaisseur du mur, et recouverte d’une vieille tapisserie, n’avait plus pour palier extérieur que quelques planches vermoulues, dernier vestige de la tribune.

— C’est ici, dit M. Lerebours. Comme il n’y a pas de cage d’escalier dans la muraille, il faut faire un escalier extérieur, tout en bois, et tournant en spirale. Voyez, prenez vos mesures, si vous voulez. Voici une échelle qu’on peut approcher.

Pierre approcha l’échelle à marches et monta jusqu’à la tribune, qui n’était élevée que d’une vingtaine de pieds au-dessus du sol. Il souleva la portière et admira le travail exquis de la porte sculptée, ainsi que les ornements d’architecture à filets délicatement enroulés qui encadraient les chambranles et le tympan.