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DU TOUR DE FRANCE.

ment simple et presque austère elle la prit pour une femme de service et lui adressa la parole.

— Ma bonne demoiselle, lui dit-elle en arrêtant son âne devant la grille du parc, voulez-vous bien me dire si je suis encore loin du village de Villepreux ?

— Vous y êtes, ma bonne dame, répondit Yseult. Vous n’avez qu’à suivre le chemin qui longe le mur de ce parc, et en moins de dix minutes vous arriverez aux premières maisons du bourg.

— Grand merci, à vous et au bon Dieu ! reprit la voyageuse ; car mes pauvres enfants sont bien fatigués.

En même temps Yseult vit sortir de l’autre panier de l’âne une autre tête d’enfant non moins belle que la première.

— En ce cas, dit-elle, vous pouvez entrer ici. Vous traverserez le parc en droite ligne, et vous arriverez encore cinq minutes plus tôt.

— Est-ce qu’on ne le trouvera pas mauvais ? demanda la voyageuse.

— On le trouvera fort bon, répondit mademoiselle de Villepreux en venant à sa rencontre, et en prenant la bride de l’âne pour le faire entrer.

— Vous paraissez une fille de bon cœur. Faut-il suivre cette allée tout droit ?

— Je vais vous conduire, car les chiens pourraient effrayer vos enfants.

— On m’avait bien dit, répliqua la voyageuse, que je trouverais ici de braves gens, et le proverbe a raison : Tel maître, tel serviteur ; car, soit dit sans vous offenser, vous devez être de la maison.

— J’en suis tout à fait, répondit Yseult en riant.

— Et depuis longtemps, sans doute ?

— Depuis que je suis au monde.

Les enfants n’eurent pas plus tôt aperçu les beaux arbres