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PROCOPE LE GRAND.

fut que plus acharné avec les Autrichiens. Les Taborites y perdirent leurs chariots, et cependant ils en sortirent vainqueurs, après quoi, étant rentrés en Bohême malgré le grand froid (décembre 1425) ils allèrent tous ensemble tenter un coup de main sur Prague. Mais les Pragois agirent avec Procope le Grand comme ils avaient fait avec Ziska ; ils lui confièrent le salut de la patrie ; et Procope, apaisant les fureurs de son armée, conclut une paix éternelle entre toutes les sectes ennemies. De là, il alla avec les siens prendre ses quartiers d’hiver à Klattau ; mais il n’y fut pas longtemps oisif. Dès le printemps, et tandis que les princes allemands rassemblaient leurs forces pour une attaque décisive, il alla aux frontières de la Misnie châtier deux généraux de l’électeur de Saxe, qui exerçaient d’horribles cruautés sur les Bohémiens dans ces parages. Il reprit plusieurs places, puis courut au secours des Pragois, qui venaient d’éprouver un échec considérable devant Aussig.

Enfin, au mois de juin 1426, arriva une armée allemande de cent mille hommes, commandée par plusieurs princes de l’Empire et burgraves considérables. Les Hussites, ayant à leur tête un Podiebrad[1], un seigneur de Waldstein et Procope le Grand, se retranchèrent, pour attendre

  1. Boczko Podiebradski. Ce seigneur de Podiebrad était Hussite, et prit vaillamment parti contre l’armée allemande. Mais il eut bientôt après à se défendre contre les Taborites. Il avait fait des prisonniers sur eux, et ne voulait pas les rendre. Ils allèrent attaquer sa citadelle de Podiebrad, défendue par une forte garnison. Ils y perdirent huit cents hommes dès le premier assaut. On rapporte qu’il n’y avait pas de seigneur en Bohême qui fût pourvu d’une meilleure artillerie et de plus habiles bombardiers. Les Taborites se réfugièrent dans une ville voisine. Podiebrad, à son tour, alla les assiéger. Mais ayant attaqué la place avec trop de confiance, il y fut tué. Nous mentionnons ces faits, parce que c’est de cette maison que sortit le roi George, qui gouverna la Bohême trente ans plus tard. Il était neveu de ce Boczko de Podiebrad.