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PROCOPE LE GRAND.

Pendant que les Taborites étaient occupés dans l’intérieur du pays, on ravageait leurs frontières. L’archiduc d’Autriche assiégeait une place de Moravie dans laquelle Procope avait mis garnison ; mais en apprenant l’approche du rasé, il s’en retira précipitamment, et Procope lui prit d’autres forteresses. Une seule fut opiniâtrement défendue par une jeune fille dont le père venait de mourir en lui confiant la garde de sa forteresse, jusqu’à l’arrivée d’un secours qu’on attendait des Catholiques. Le secours n’arriva point, les Taborites le détruisirent en chemin ; mais l’héroïne résista quinze jours encore aux menaces et aux promesses de Procope. Lorsqu’elle vit tous ses murs démantelés, elle accepta une capitulation honorable, et se retira avec une partie des siens, sous l’escorte d’un des capitaines assiégeants, abandonnant toutefois les vivres et les munitions de guerre.

Les Allemands étaient encore une fois vaincus ; la discorde malheureusement reparut bientôt en Bohême.

On se rappelle Koribut, ce parent du roi de Pologne dont les Calixtins de Prague et les Catholiques de la Bohême avaient voulu faire un roi avant la mort de Ziska. Wladislas le leur avait envoyé dans un moment de dépit contre l’Empereur. Puis, s’étant réconcilié avec ce dernier, il l’avait rappelé. Mais Koribut, soit qu’il eût pris sincèrement parti pour cette nation héroïque, soit qu’il n’eût pas renoncé à l’espoir de régner, était rentré en Bohême avec quelques troupes ; et après avoir communié sous les deux espèces avec son monde, il faisait la guerre aux Allemands comme chef bohémien. Il accompagna les deux Procope dans une expédition qu’ils firent en Autriche, et d’où, après avoir ravagé le pays jusqu’aux bords du Danube, après avoir promené le fer et la flamme dans l’Autriche, la Hongrie, la Lusace et la Silésie, les Taborites et les Orphelins rapportèrent