Page:Sand - Le compagnon du tour de France, tome 2.djvu/240

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
233
PROCOPE LE GRAND.

jours de pénitence aux personnes de l’un et de l’autre sexe qui, pendant l’expédition, feront des prières et jeûneront pour son heureux succès. — On ordonne de fournir des confesseurs aux croisés, soit séculiers, soit réguliers, pour entendre leurs confessions et leur donner l’absolution, quand même ils auraient usé de violence contre des clercs ou des religieux, quand ils auraient brûlé des églises ou commis d’autres sacriléges, et même dans les cas réservés au siége apostolique. On défend aux confesseurs de prendre des croisés au delà d’un demi-gros de Bohème, pour la confession, et cela quand on l’offrira et sans l’exiger. — On dispense de leurs vœux ceux qui en auraient fait pour quelque pèlerinage, comme à Rome ou à Saint-Jacques de Compostelle, à condition que l’argent qu’ils auraient pu dépenser en ces voyages sera employé à la croisade. »

Ce fut là le dernier acte de Martin. Il mourut d’une attaque d’apoplexie, le 30 janvier 1434. On l’ensevelit dans un mausolée d’airain, avec ces paroles pour épitaphe : « Il fut la félicité de son temps, » ironie sanglante à la destinée de ces temps malheureux !

Dès le 6 mars, quatorze cardinaux élurent Eugène IV, en lui imposant des conditions de soumission qu’il ne tint pas mieux que son prédécesseur. Le cardinal Julien fut confirmé dans la charge de légat en Allemagne pour la réduction des Bohémiens, et envoya des lettres et mandements d’un langage si haineux et si fanatique, qu’on les croirait aussi bien émanés de Tabor ou du camp des Orphelins que de la chaire pontificale. Les damnables hérétiques y sont comparés à l’aspic, aux bêtes farouches, etc. ; et au milieu de l’énergie d’expression que comportait une époque si tragique, ces pièces ont une éloquence ampoulée qui est aussi un des traits caracté-