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PROCOPE LE GRAND.

« Si donc séduits par les artifices de vos petits prêtres, vous faites irruption chez nous, les armes à la main, appuyés sur le secours de celui dont nous défendons la cause, nous repousserons la force par la force, et nous nous vengeront des injures qui ne sont pas tant faites à nous qu’à Dieu. Pour vous, la chair est votre bras ; mais le nôtre, c’est le Dieu des armées qui combat pour nous. À lui soient gloire et louanges dans tous les siècles ! »

Enfin la septième armée pénétra en Bohême, sous les ordres du cardinal Julien et de l’électeur de Brandebourg, qui avait reçu en grande solennité, à Nuremberg, l’étendard bénit des mains de ce prélat. Frédéric le Belliqueux, électeur de Saxe, ainsi que plusieurs autres princes et évêques, venaient après eux, avec des renforts considérables. C’était la plus grosse armée qu’on eût encore envoyée contre les Hussites ; mais on grossissait en vain le nombre des hommes, le courage allait diminuant toujours. La Bohême était regardée superstitieusement comme le tombeau de l’Allemagne, et, au son du tambour des Taborites, on croyait voir apparaître le spectre exterminateur de Ziska. On entra donc timidement sur cette terre glorieuse, en détachant force espions en avant, et on s’enfonça en tremblant dans ces montagnes du Bœhmerwald où l’en s’attendait à mille embuscades. Procope, irrité de vaincre ces grandes armées sans les combattre, désirait les attirer à l’intérieur et les voir se réunir sous sa main terrible. Il s’avisa à cet effet d’un stratagème. Ce fut de tromper les espions, en leur faisant croire que la division s’était mise parmi les Hussites, que Prague abandonnait les Taborites, et que les Taborites, à leur tour, se séparaient des Orphelins. À cet effet, il fit faire aux divers corps de l’armée bohémienne diverses marches et contre-marches, qui semblaient