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PROCOPE LE GRAND.

Enfin, sur l’article de la communion, tout en prononçant que l’Église a tout pouvoir sur une pareille question, et que les récentes institutions sont articles de foi comme les anciennes, « on accorde pour un temps aux Bohémiens la permission de communier sous les deux espèces, par autorité de l’Église, pourvu qu’ils se réunissent à elle, » et qu’ils croient sans examen au dogme de la présence réelle, tel qu’il est enseigné par l’Église catholique, apostolique et romaine.

Les Calixtins, influencés par Rockisane, qui songeait à ses propres affaires, comme le prouve la suite de sa vie, envoyèrent, non plus trois cents, mais seulement trois députés à Bâle, pour notifier l’acceptation de cet arrangement hypocrite. Le concile, ravi de joie, dressa ce fameux traité de paix connu dans l’histoire sous le nom de Compactata. La Bohême signait son arrêt par la main du juste-milieu. L’Église et l’Empire allaient triompher sinon des libertés bourgeoises[1], du moins des grandes luttes et des inspirations infinies du peuple. Mais Procope était encore debout au milieu de ses fiers Taborites ; Procope protestait contre ce lâche traité, et il fallait que Procope tombât, pour que Rome et l’Empereur pussent entrer à Prague sur le cadavre du prolétariat. Pendant le séjour de Procope à Bâle, il avait donné le commandement des Taborites à Pardus de Horka, lui recommandant de tenir ses troupes en haleine, afin d’intimider sans relâche le concile et le parti catholique. Horka avait encore une fois ravagé la Hongrie, et pris nombre de villes et de forteresses jusqu’aux fron-

  1. Il semble qu’il y ait ici contradiction. Mais si nous tracions la suite de cette histoire après la restauration de Sigismond, on verrait que les Calixtins ouvrirent bientôt les yeux sur la faute qu’ils avaient faite, et qu’ils luttèrent longtemps avec succès pour la réparer. Le règne du Calixtin George Podiebrad est un triomphe assez grand de la bourgeoisie.