Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol1.djvu/124

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entendez le français, à ce que l’on dit, répondez-nous Comment vous nomme-t-on ?

Mario, répondit l’enfant sans hésiter.

— Mario ? C’est là un nom italien !

— Je ne sais pas, moi.

— De quel pays êtes-vous ?

— Je suis Français, je crois.

— Où êtes-vous né ?

— Je ne m’en souviens pas.

— Je le crois bien, dit le marquis en riant ; mais demandez-le à votre mère.

Mario se tourna vers la Morisque et ouvrit la bouche pour lui parler.

Il avait un air d’expression et de bonheur de se sentir accueilli paternellement par ce beau monsieur qui le tenait entre ses jambes, et dont il touchait timidement, du bout de ses petits doigts, les beaux habits de soie et le joli petit chien enrubané.

Mais, dès qu’il eut rencontré les yeux de sa mère, il parut comprendre un avertissement de grande importance ; car il quitta doucement M. de Bois-Doré, et, se rapprochant de la Morisque, il baissa les yeux sans rien dire.

Le marquis lui adressa d’autres questions auxquelles il ne répondit pas davantage, quoique, par un doux et tendre regard, il semblât lui demander furtivement pardon de son impolitesse.

— Je crois, mon ami Adamas, dit le marquis, que tu m’as un peu surfait ton histoire, en prétendant que ce garçonnet parlait couramment notre langue. Il est vrai qu’il la prononce assez bien et qu’il a dit plusieurs mots sans trop d’accent étranger ; mais je crois qu’il n’en sait pas davantage. Puisque tu sais si bien l’espagnol (