Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol1.djvu/123

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

aussi propres que vous pourrez. — Mais où donc est passé M. de Villareal ?

Ce prétendu Villareal était rentré dans le château, et, seul dans sa chambre, il priait le Dieu vindicatif auquel il croyait de ne point trop le punir de l’âpreté avec laquelle il avait désiré, sans cause, la mort du polit bohémien.

Nous appelons ainsi l’enfant, pour faire comme les gens qui l’entouraient en cet instant ; mais, lorsque, après le dîner, M. de Bois-Doré passa dans une ancienne salle de son castel, qu’Adamas décorait du titre pompeux de salle des audiences, et quelquefois de salle de justice ; quand ce vieux ministre de l’intérieur du marquis lui présenta la Morisque et son enfant, le premier mot du marquis fut pour s’écrier, après un moment de silence imposant :

— Plus je considère ce garçonnet, plus je m’assure qu’il n’est ni Égyptien, ni Morisque, mais bien plutôt Espagnol de bonne race, et peut-être même de sang français.

Il ne fallait pas être bien sorcier pour faire cette découverte ; néanmoins, elle fut écoutée avec grand respect par Adamas, qui, en sa qualité d’introducteur, restait présent à la conférence. M. d’Alvimar et Lucilio étaient invités par le marquis à former l’assistance.

— Voyez, continua Bois-Doré naïvement satisfait de sa pénétration, en écartant la grosse chemise blanche de l’enfant : sa figure est brûlée du soleil, mais pas plus que celle de nos paysans en temps de moisson ; son cou est blanc comme neige, et voilà des pieds et des mains si petits, que jamais serf ou vilain n’en eut de pareils. Allons, mon petit lutin, n’ayez point honte, et, puisque vous