Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol1.djvu/241

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ces égyptiens, vous leur demandâtes quand et comment il avait péri ?

— Oui ; je demandais ce que je savais bien, voulant éprouver leur science, et, véritablement, ce démon de petite fille me répondit si fidèlement, que j’eus lieu d’en être étonné. N’avez-vous point remarqué, messire, qu’elle me donna un calcul qui plaçait l’événement au dixième jour de mai de l’année 1610 ?

— Je n’ai point suivi ce calcul. Est-ce ce jour-là, en effet, que votre frère fut tué ?

— C’est ce jour-là. Je vois que vous en êtes fort surpris ?

— Surpris, moi ?… Pourquoi le serais-je ? J’imagine que les devins ne révèlent du passé que ce qu’ils en connaissent. Mais dites-moi, je vous prie, comment arriva cette triste affaire. Vous n’en connûtes donc jamais les auteurs ?

— Vous aviez raison de dire les auteurs, car ils étaient deux… deux que je voudrais bien découvrir. Mais vous ne m’y aiderez point, je le vois, puisque cette arme accusatrice n’a aucun signe particulier.

— La chose n’eut donc point de témoins ?

— Pardonnez-moi, elle en eut.

— Qui ne purent vous renseigner sur les personnes ?

— Elles purent les décrire, et non les nommer. Si cette douloureuse histoire vous intéresse, je peux vous la rapporter dans tous ses détails.

— Certes, je prends intérêt à vos peines, et je vous écoute.

— Eh bien, dit le marquis en repoussant l’échiquier et en rapprochant sa chaise de la table, je vais vous dire tout ce que j’ai recueilli d’une enquête qui me fut communiquée par le curé d’Urdoz.