Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol1.djvu/313

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devise, que l’on pourrait traduire ainsi : « Devant ce bras, il n’est point d’ennemi qui ne montre un cœur de poule. »

Le divertissement fut applaudi avec acclamation.

Le marquis pleura d’aise de voir la gentillesse de son fils et le zèle d’Adamas.

On mangea des friandises, on se disputa les caresses de Mario, et l’on se sépara à onze heures, ce qui était fort tard dans les habitudes campagnardes de ce temps-là.

Le lendemain, il y eut chasse à l’oiseau. Lauriane voulut absolument que Mario fût de la partie ; elle lui prêta son cheval blanc, qui était doux et sage, et monta bravement Rosidor. Le marquis ne manquait pas de palefrois de rechange.

La chasse fut anodine, comme il convenait aux personnages qui en étaient les héros.

Mario y prit tant de plaisir que Lucilio craignait que ce ne fût trop d’enivrement subit pour cette jeune tête, et qu’on ne le rendit malade ou insensé. Mais l’enfant montra qu’il avait une excellente organisation : il s’amusait vivement de toutes ces choses nouvelles, et cependant il ne s’en grisait pas trop ; au moindre appel à sa raison, il reprenait ses esprits et obéissait avec une douceur d’ange. Ses nerfs ne furent point surexcités, et il entra dans le bonheur comme dans un paradis d’amour et de liberté dont il se sentait digne.

Le souper de ce second jour de fête rassembla encore à Briantes d’autres amis ; le lendemain, ce fut la fête offerte aux vassaux, un repas pantagruélique et des danses sous les vieux noyers de l’enclos.

On organisa même, sous la direction de Guillaume d’Ars, un tir à l’arquebuse.