Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol1.djvu/330

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comme tout le monde, que M. de Beuvre n’était absent que pour quelques jours.

Il restait à genoux sur le bord du coussin où elle avait posé ses pieds, et il la regardait, tout interdit ; enfin il sa hasarda à lui prendre les mains.

Elle tressaillit et vit devant elle cette figure d’ange, qui lui souriait à travers des yeux humides. Touchée de la sensibilité de cet enfant, elle le pressa avec effusion sur son cœur en baisant ses beaux cheveux.

— Qu’est-ce que vous avez donc, ma Lauriane ? lui demanda-t-il enhardi par cette effusion.

— Eh ! mon pauvre mignon, lui répondit-elle, ta Lauriane a du chagrin comme tu en aurais si tu voyais partir ton bon père le marquis.

— Mais il reviendra bientôt, votre papa ; il vous l’a dit en s’en allant.

— Hélas ! mon Mario, qui sait s’il reviendra ? Tu sais bien que quand on voyage…

— Est-ce qu’il va bien loin ?

— Non, mais… Allons, allons, je ne veux pas te faire de peine. Je veux aller prendre l’air. Veux-tu venir retrouver avec moi ton bon père ?

— Oui, dit Mario, il est dans le jardin. Allons-y. Voulez-vous que j’aille chercher ma chèvre blanche pour vous amuser de ses gambades ?

— Nous irons la chercher ensemble ; viens !

Elle sortit en lui donnant le bras, non pas comme une dame s’appuyant sur celui d’un cavalier, mais, tout au contraire, comme une petite maman, passant celui du garçonnet sous le sien.

En descendant l’escalier, ils trouvèrent Mercédès, dont les beaux yeux doux les caressaient en passant. Lauriane, qui se faisait entendre d’elle par signes, n’avait