Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol1.djvu/54

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Les heures s’écoulaient dans une intimité pour ainsi dire escomptée, puisque ces amusements n’amenèrent aucun entretien assez suivi pour mettre ces trois personnes à même de se connaître.

Madame de Beuvre, qui s’était retirée après le repas, reparut vers quatre heures, au moment où elle vit faire dans le préau les préparatifs du départ de ses hôtes.

Elle leur proposa de prendre l’air dans les jardins avant de se séparer.




VI


On était alors à la fin d’octobre. Les jours, devenus courts, étaient encore doux et clairs, l’été de Saint-Martin s’étant prolongé jusque-là. Les arbres, tout à fait dépouillés, dessinaient leur belle silhouette sur le soleil rouge qui se couchait derrière les noires broussailles de l’horizon.

On marchait sur un lit de feuilles sèches dans les allées de buis et d’ifs taillés qui donnaient aux jardins de ce temps-là une raideur propre et digne.

Dans les fossés, de belles vieilles carpes suivaient les promeneurs, habituées à recevoir les miettes de pain que leur apportait Lauriane.

Un petit loup apprivoisé la suivait aussi comme un chien, mais asservi et brutalisé par le grand épagneul favori de M. de Beuvre, animal jeune et folâtre, qui ne montrait aucune aversion pour ce compagnon suspect,