Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol1.djvu/67

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Lauriane vit qu’elle avait été trop loin ; car elle aimait sincèrement son vieux voisin, et, quand il ne riait plus de ses taquineries, elle n’avait plus envie de rire.

— Non, monsieur, dit-elle à son père, permettez à votre fille de vous dire que vous plaisantez. Le marquis était loin d’avoir vingt ans, et son action fut d’autant plus belle.

— Comment ! il n’avait pas vingt ans ? s’écria encore de Beuvre ; serais-je, tout d’un coup, devenu le plus vieux ?

— On n’a jamais que l’âge que l’on montre, reprit Lauriane, et il ne faut que regarder le marquis,..

Elle s’arrêta, n’ayant pas le courage de mentir si résolûment pour le consoler ; mais l’intention suffit, car Bois-Doré se contentait de peu.

Il la remercia d’un regard, son front s’éclaircit ; de Beuvre se mit à rire, d’Alvimar admira la gentillesse de Lauriane, et l’orage fut détourné.




VIII


On causa sans dépit quelques instants encore.

M. de Beuvre invita d’Alvimar à ne pas s’effaroucher de ses boutades et à revenir le surlendemain avec Bois-Doré, qui avait coutume de dîner tous les dimanches à la Motte ; puis on vint annoncer que la carroche de M. le marquis était prête. (Chacun sait qu’avant Louis XIV, lequel,