Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol1.djvu/68

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en personne, en ordonna autrement, carrosse était souvent des deux genres, et le plus souvent féminin, d’après l’italien carrozza.)

Or, la carrosse ou carroche de M. de Bois-Doré était un vaste et lourd berlingot que traînaient courageusement quatre forts et beaux chevaux percherons, un peu trop gras ; car tout était bien nourri, bêtes et gens, au logis du bon M. Sylvain.

Ce respectable véhicule, destiné à affronter les routes carrossables et non carrossables, était d’une solidité à toute épreuve, et, si la souplesse de son allure laissait quelque chose à désirer, on était du moins assuré de ne s’y pas trop briser les os, même en cas du chute, à cause de l’énorme rembourrage de l’intérieur.

Il y avait six pouces d’épaisseur de laine et d’étoupe sous la doublure de damas, en sorte qu’on y avait, sinon toutes ses aises, du moins une sorte de sécurité.

C’était, du reste, un beau chariot, tout couvert de cuir, garni de clous dorés qui formaient des bordures d’ornement autour des panneaux. Il y avait, pour descendre et monter, une petite échelle que l’on retirait et plaçait dedans quand on était en route.

Aux quatre coins de cette citadelle roulante, on remarquait un arsenal composé de pistolets et d’épées, sans oublier la poudre et les balles, si bien qu’au besoin on y pouvait soutenir un siége.

Deux valets à cheval, portant des torches, ouvraient la marche ; deux autres porte-flambeaux marchaient derrière la voiture avec le domestique de d’Alvimar, tenant son cheval en laisse.

Le jeune page du marquis monta sur la banquette à côté du cocher.

Tout cela passa à grand bruit sous la herse de la Motte-