Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/111

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— Regarde, Adamas, si je ne perds pas trop de sang, et arrête-moi ça, mon vieux, car je me sens faible !

Adamas l’examina ; il avait quelque chose comme dix blessures et autant de contusions.

Numes célestes ! s’écria Adamas ; Je ne vois pas une place nette sur ton pauvre cadavre !

— Cadavre toi-même ! s’écria le carrosseux en avalant une nouvelle rasade. Me prends-tu pour un revenant ? Et si, je reviens de loin ; mais me voilà mieux : j’ai le cuir épais comme celui de mes chevaux, Dieu merci ! Ne me laisse pas saigner, voilà tout ce que je te demande. Ça ne vaut rien pour un homme de perdre le sang de son corps.

Adamas le lava et le pansa avec une merveilleuse adresse.

Grâce, en effet, à l’épaisseur de son cuir et à la force herculéenne de ses muscles, le blessé n’avait rien de trop grave.

— Et l’enfant ? disait Adamas tout en le rhabillant avec des vêtements secs que Clindor avait couru lui chercher : l’enfant a donc été en danger ?

Aristandre raconta tout jusqu’au moment où il avait levé le pieu de la sarrasine.

— L’enfant a passé, ajouta-t-il ; car les gueux qui étaient sur le moucharabi ont tiré sur lui, mais ils ne l’ont pas touché. Je tenais le coquin de Sanche à la gorge dans ce moment-là. J’aurais pu l’étrangler, mais je l’ai lâché pour courir sur le moucharabi, et j’ai vu Marie qui filait comme le vent ; alors, je suis tombé sur les deux autres coquins. Je n’avais qu’une tranche, mais je les ai mis dans une jolie déroute, va ! Le Sanche est revenu sur moi avec sa rapière cassée, et, de la poignée, il me voulait, je crois, écorner, car il me la portait à la