Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/112

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tête et à la figure, quand il ne rencontrait pas l’estomac. Ah ! le vieux enragé, qu’il tape dur ! Avec ça que j’étais déjà blessé et que je n’avais pas ma force ! Mais, tout de même, ça m’a réchauffé un peu, parce que j’avais déjà traversé l’étang pour rejoindre mon mignon Mario dans le jardin, et que je grelottais. C’est égal, je n’ai pas pu en faire une fin, de ce vieux satan, et voilà tout ce qui m’a chagriné. Quand j’ai entendu que les autres arrivaient à son secours, je me suis laissé couler dans l’escalier de la manœuvre, et, comme il n’a pas la jambe aussi leste, qu’il a le bras lourd, j’ai pu regagner le jardin sans qu’il sût où j’avais passé. De là, ma foi, je n’avais plus rien à faire qu’à revenir ici par l’étang, et me voilà.

— Carrosseux ! s’écria Adamas, qui, contrairement à bien des humains, admirait sincèrement les exploits dont il se sentait incapable, tu es aussi grand que les plus grands héros de M. d’Urfé ! et, si monsieur m’en croit, il te fera représenter en tapisserie dans son salon, pour éterniser la mémoire de ton courage et de ton bon cœur.

— S’il ne s’agit que d’être grand, répondit le naïf carrosseux, je peux dire que j’ai la taille. Mais ça m’est égal, je vais voir mes chevaux ; après quoi, nous aviserons à faire une petite sortie pour débarrasser la basse-cour de cette vermine. Qu’en penses-tu, mon vieux ?

Ce n’était pas trop l’avis du sage Adamas.

Pendant qu’ils discutaient leurs plans d’attaque et de défense, nous rejoindrons Mario, qui arrive en vue du grand arbre dont se couronne, encore aujourd’hui, le terrier d’Étalié.

L’enfant regarde les étoiles, que, dans sa vie de berger,