Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/117

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— On ne passe pas !

En même temps, il vit de chaque côté de la porte deux grands hommes noirs armés jusqu’aux dents, et qui montaient la garde.

Alors lui revinrent en mémoire les paroles de Sanche, et ce que Pilar lui avait dit du renfort attendu par les bandits.

— Je suis tombé dans le guêpier, se dit-il ; mais je suis déguisé, et ils me prendront pour un petit mendiant. Il faut absolument que je sache si mon père est là.

Il se mit donc à tendre la main et à quémander, du ton piteux qu’il avait entendu affecter aux bohémiens, et qu’il avait quelquefois pris lui-même, en riant sous cape, durant son voyage avec cette honorable compagnie.

On le lâcha aussitôt, mais en lui ordonnant de s’en aller, et, comme il ne comprenait pas, on le menaça en faisant mine de le coucher en joue.

Il allait s’éloigner, bien décidé à revenir, lorsqu’une autre voix, partant de l’auberge, donna un ordre en allemand, et sur-le-champ, au lieu de le repousser de la porte, on le reprit au collet et on le poussa dans la cuisine :

Là, sans avoir le temps de se rendre compte de rien, il se trouva en présence d’un personnage long, sec et brun, en habit militaire, qui lui dit avec un accent italien :

— Approche, petit, et, si tu as une lettre, donne-la.

— Je n’ai pas de lettre, répondit Mario en regardant l’étranger avec assurance.

— Alors, une commission verbale ? Parle !

— Avant de parler, dit l’enfant avec beaucoup de présence d’esprit, il faut que je sache à qui je parle.