Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/137

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ses forfanteries de gueule ? Madame votre épouse daigne-t-elle le connaître ?

— Il paraît ! répondit Macabre, et je sais en plus, mon vieux drôle, que tu es l’humble serviteur de cette triple canaille de faux marquis, ton maître d’école en cuisinerie ; mais je m’en gausse ! Tu es gardé à vue, et tes oreilles me répondent de tes fricots.

Le marquis vit qu’il n’avait d’autre parti à prendre que de dire du mal de lui-même, et il ne s’y épargna pas, faisant bon marché de sa qualité et de son caractère, et même en termes assez comiques, mais sans pouvoir se décider à accoler à son nom maudit et calomnié l’épithète de vieux, dont se servait contre lui avec orgueil son contemporain Macabre.

Celui-ci insista d’une manière désagréable.

— Ce cacochyme doit être fort cassé, dit-il ; car, lorsque je le vis pour la dernière fois, c’était une longue flamberge, sans barbe au menton, et je faillis le rompre en deux par mégarde.

— Vrai ? dit Bois-Doré se rappelant l’aventure de sa jeunesse racontée récemment à Adamas ; vous lui fîtes l’honneur de vous mesurer avec lui ?

— Non, mon brave homme, je ne descendis point jusque-là. Il était à cheval, portant des munitions de guerre à nos ennemis. Je le pris par une jambe, et, l’étendant sous mes pieds, je le laissai pour mort et m’emparai de son chargement.

— Qui était de poudre et de balles ? répondit Bois-Doré ne pouvant se défendre de rire en lui-même des hâbleries de l’homme qu’il avait renversé d’un coup de pied, et de ce fameux chargement de munitions, qui ne consistait qu’en jouets d’enfants.

— C’était de bonne prise ! répondit le capitaine ; mais