Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/136

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désormais le jeune Macabre devenu vieux, se sentit plus tranquille.

Ce chef de bande ne pouvait agir sous la protection du prince de Condé. Il eut la liberté d’esprit de parler cuisine en homme qui s’y entendait bien, et comme, durant son séjour de deux heures dans l’auberge, il avait, par manière de passe-temps, traité cette grave question avec madame Pignoux, il savait fort bien le contenu du garde-manger et les ressources de la cave.

— Nous aurons l’honneur de vous offrir, dit-il, un quartier de sanglier relevé d’épices, dont vous me direz des nouvelles ; un fort buisson d’écrevisses d’Issoudun, cuites dans la bière…

— Et bien poivrées, j’espère ! dit le capitaine. Mon épouse aime les mets du haut goût.

— On y mettra du piment d’Espagne !

Et, après avoir énuméré tous les plats, le marquis ajouta :

— Mais votre illustre dame ne serait-elle pas sensible à quelques mets sucrés, après le rôt ?

— Diable ! oui. J’allais oublier qu’elle m’a recommandé certaine omelette au musc…

— Votre Seigneurie veut dire peut-être aux pistaches ? C’est de mon invention.

— Ouais ! Elle m’a dit que c’était de l’invention du vieux…

— Du vieux ? Qui donc ose se vanter d’avoir découvert avant moi l’omelette au riz et aux pistaches ?

— Ma foi, le vieux Bois-Doré, puisqu’il faut nommer ce maître sot en bonne compagnie !

Bois-Doré se mordit la moustache.

— Qui donc, dit-il, fait l’honneur au marquis de répéter