Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/14

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furent signalées sur le pourpoint blanc de Mario, qui s’en étonna et se défendit d’avoir seulement approché de la toilette.

— Je vous crois, mon fils, dit le marquis en soupirant. Si je vous jugeais capable de mentir, je serais trop chagriné.

Mais, le jour suivant, on trouva les mixtures mélangées, le rouge avec le noir et le noir avec le blanc.

— Ouais ! dit le marquis, cette diablerie continue ! En sera-t-il comme des pauvres nez de mes statues ?

Il examina Mario sans rien dire ; Mario avait du noir aux manchettes de sa chemise. C’était peut-être de l’encre ; mais le marquis avait horreur des taches, et le pria d’aller changer de linge.

— Adamas, dit-il à son confident, cet enfant est espiègle, c’est fort bien fait ; mais, s’il est menteur et abuse de la foi que j’ai en sa parole, voici qui me causera de grosses peines, mon ami ! Je le croyais d’une essence supérieure ; mais Dieu ne veut pas que j’en sois trop fier. Il laisse le diable faire de lui un enfant comme les autres.

Adamas prit le parti de Mario, qui venait de rentrer dans le boudoir voisin.

En ce moment, on entendit Bellinde qui discutait vivement avec l’enfant. Il la tirait par sa jupe, et elle se défendait en disant qu’il prenait avec elle des privautés au-dessus de son âge.

Le marquis se leva, indigné.

— Libertin ? s’écria-t-il désespéré ; déjà libertin ?

Le pauvre Mario accourut tout en larmes.

— Père, dit-il en se jetant dans ses bras, cette fille est méchante. Je la voulais amener à toi pour te faire voir à toi-même ce qu’elle a aux mains. Elle touche mon