Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/158

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» Je ne sais pourquoi j’hésitai à me lier ; mais en ce qui est très-assuré, mon cher marquis, c’est que votre château sera pris cette nuit et brûlé demain matin.

— C’est donc là véritablement le but de votre expédition ? dit le marquis affectant un grand calme. Est-ce vous qui avez suggéré cette idée au capitaine Macabre ? Je ne puis croire que vous soyez une personne vindicative et perverse à ce point.

— L’idée n’est pas venue de moi ; mais, sans le vouloir, je l’ai suggérée à cet animal rapace, pour lui avoir imprudemment parlé de votre trésor. À peine sut-il le fait, qu’il m’accabla de questions, et moi, sans savoir où il voulait en venir, je lui donnai assez de détails pour le convaincre qu’il serait facile de s’en emparer.

» À mes paroles imprudentes se joignirent des lettres que j’eus aussi l’imprudence de lui montrer. L’une venait de M. Poulain ; l’autre de Sanche. Tous deux me donnaient des nouvelles de M. d’Alvimar ; tous deux me croyaient encore dans ce qu’ils appellent les bons principes, et, comme il est utile d’avoir des amis partout, je me gardais de leur faire savoir en quelle compagnie je me trouvais.

» Si bien, mon cher marquis, qu’un beau jour Macabre s’en alla en Alsace et y retrouva plusieurs de ses anciens reîtres ; il en enrôla d’autres qui ne demandaient qu’à rentrer en campagne, et s’adjoignit le lieutenant Saccage, qui est un homme habile et infatigable, et, tout cela fait, il vint à Linières, d’où, avec quelques-uns des siens, il s’en alla, la nuit dernière, à Brilbault, donnant rendez-vous aux autres pour cette nuit à l’auberge isolée où nous voici. »

Bois-Doré écoutait avec grande attention, mais en cachant