Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/160

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gagner le Poitou. Macabre compte leur donner carrière, sauf à tirer de son côté avec vos dépouilles, s’il voit nos cavaliers s’aventurer dans de trop mauvaises affaires. Donc, mon cher marquis, nous voici en mesure de vous ruiner, et, pour votre malheur, vous êtes venu vous jeter ici dans les mains de gens bien décidés à vous ôter la vie.

— C’est-à-dire que mon sort est dans les vôtres, répondit le marquis, et vous me le dites pour me faire comprendre la reconnaissance que je vous dois. Comptez, Bellinde, qu’elle ne se bornera point à des paroles, et que, si vous renoncez également à faire marcher sur Briantes, vous y trouverez plus de profit qu’à partager mes dépouilles avec cette bande de larrons.

— Pour cela, je vous l’ai dit, marquis, ce n’est pas moi qui dirige ; mais je puis vous aider à vous débarrasser du capitaine, et faire entendre raison au lieutenant, qui aime mieux l’argent que les coups.

— Donc, c’est ma rançon et celle de mon château que vous voulez. Évaluez d’abord celle de ma personne, laquelle est, je le confesse, sans défense, en votre pouvoir. Quant au château…

— Quant au château, vous pensez qu’une fois libre, vous le défendrez ! Aussi ne serez-vous point libre avant que nous en soyons sortis, à moins que…

— À moins que je ne paye ?

— À moins que vous ne signiez, monsieur le marquis ! car votre seing est sacré pour qui, comme votre fidèle Bellinde, connaît l’honneur d’un gentilhomme tel que vous.

— Que voulez-vous donc que je signe ? dit le marquis, facilement résigné toutes les fois qu’il s’agissait d’argent.