Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/163

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assez brutalement, l’emportèrent dans la salle et l’y enfermèrent en se moquant de ses cris et de ses menaces.

La lieutenante, habituée à ces orages, ne fut pas longtemps non plus à se remettre.

À peine eut-elle avalé un verre de genièvre de Marche, que lui présenta un de ses pages, qu’elle chercha d’un œil d’oiseau de proie sa victime, réfugiée dans un coin.

— Le cuisinier, le cuisinier ! s’écria-t-elle. Amenez devant moi le cuisinier.




LVI


On amena le marquis et Mario, qui s’attachait à lui avec désespoir.

Bellinde reconnut l’enfant du premier coup d’œil, et sa figure, blêmie par la peur, s’empourpra d’une joie féroce.

— Mes amis, s’écria-t-elle, nous tenons le sanglier et le marcassin, et il s’agit ici d’une belle rançon pour nous, mais pour nous seuls, entendez-vous ? et sans partager avec les Allemands (elle appelait ainsi les reîtres du capitaine), ni avec M. Saccage et ses Italiens ! À nous, à nous seuls le Bois-Doré et son petit, et vive la France, tudieu ! Une plume, du papier, de l’encre ; vite ! il faut que le marquis signe sa rançon ! Je connais son avoir et je vous réponds qu’il ne m’en cachera rien ! Mille écus d’or pour chacun de ces braves, entends-tu, marquis ? et pour moi, la parole que je t’ai demandée.