Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/169

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signe. La querelle des reîtres n’avait pas dû se prolonger jusque-là. Du moment que les Allemands auraient vérifié que Macabre n’était pas assassiné, mais seulement enfermé pour cause d’ivresse, tout devait s’apaiser, et la Proserpine n’était pas femme à oublier les captifs, dont elle espérait tout au moins une bonne rançon.

— Si l’on ne descend pas sur nous par la route frayée, pensait le marquis, c’est que l’on nous a vus traverser la plaine, c’est que l’on nous attend aux abords de la taille de Veille, par les chemins creux que la Bellinde peut fort bien connaître. Peut-être ces coquins sont-ils plus près de nous que nous ne pensons ; car le brouillard s’épaissit, et je commence à ne plus savoir si ces ombres que je vois là-bas sont des têteaux de chêne ou des cavaliers au repos qui nous attendent.

Il arrêta encore Mario pour lui faire part de ses appréhensions.

Mario regarda les arbres, et dit :

— Marchons ! marchons ! il n’y a point là de cavaliers.

Les fugitifs reprirent leur course. Mais, comme ils passaient le long de la taille qui, à cette époque, s’étendait jusqu’à la métairie d’Aubiers, ils se trouvèrent subitement pressés par un groupe de cavaliers qui débouchaient à leur droite et qui leur criaient : « Halte ! » d’une voix retentissante.

C’étaient bien des voix françaises, mais les aventuriers de la Bellinde étaient Français.

Le marquis hésita un instant. Ces gens, encore couverts par l’obscurité du bois, n’étaient pas faciles à reconnaître, tandis que les Bois-Doré étaient assez loin de la lisière pour ne devoir pas échapper à leurs regards.