Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/171

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— Il est vrai, dit le marquis en se rappelant son tablier de cuisine et son bonnet de toile, dont il n’avait encore eu ni le loisir ni la pensée de se débarrasser ; je ne suis point équipé en homme de guerre, et vous m’obligerez, mon cousin, de me faire donner un chapeau et des armes, car je n’ai au flanc qu’un couteau de cuisine, et nous pouvons avoir bataille d’un moment à l’autre.

— Tenez, tenez, dit Guillaume en lui passant son propre chapeau et les armes de son meilleur domestique, faites vite, et ne nous arrêtons point ; car il paraît que votre château est en danger.

Bois-Doré crut que Guillaume était mal renseigné.

— Point ! dit-il ; les reîtres étaient encore à Étalié, il y a une demi-heure.

— Les reîtres à Étalié ? s’écria Guillaume. En ce cas, nous ne risquons rien de courir, si nous ne voulons être pris entre deux feux !

Il n’y avait pas d’explications à échanger ; on reprit, en grande hâte, la plaine jusqu’à Briantes.

Le long du chemin, la troupe de Guillaume se grossissait des gens de Bois-Doré, lesquels, après de vaines recherches à Brilbault, avaient reçu les avis de la petite bohémienne, et revenaient à tout hasard, n’ajoutant pas beaucoup de foi à son message, et pensant que c’était quelque ruse de ses camarades pour dérouter les investigations.

Ils ne s’étaient décidés que parce que Pilar leur avait dit que leur maître était averti et allait revenir sur ses pas ; ne l’ayant pas vu au rendez-vous général de Brilbault, ils avaient pensé que, vrai ou faux, l’avis avait été donné au marquis, et qu’il était inutile de l’aller chercher à Étalié.