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LVII


M. Robin n’avait pas cru un mot du récit de Pilar. Il s’était néanmoins mis en route, avec son escorte, mais sans se presser beaucoup, et on pouvait craindre qu’il n’eût rencontré les reîtres, car on arriva en vue de Briantes sans qu’il eût rejoint.

On s’inquiétait aussi de maître Jovelin, qui était parti le premier de Brilbault avec cinq ou six hommes de Briantes, et que l’on s’étonnait de ne pas rattraper, bien que l’on marchât très-vite : si vite, que ces réflexions furent faites par chacun sans que l’on prît le temps de se les communiquer.

J’ai lu, dans bien des romans, de longues conversations entre les personnages, pendant que les chevaux fendent le vent et dévorent l’espace ; mais je n’ai jamais vu, dans la réalité, que la chose fût possible.

Bien qu’il ne fût guère qu’une heure du matin, on vit clair comme en plein jour en traversant le village. Les bâtiments de la ferme du château étaient la proie des flammes.

À cette vue, personne ne douta plus, et l’on s’élança à l’assaut de l’huis, qui était fermé et défendu par Sanche et quelques bohémiens rassemblés par lui à la hâte, dès qu’il avait entendu le galop des arrivants.

— Que faisons-nous là, mon cousin ? dit Guillaume au marquis. Nos gens s’emportent par trop de courage et n’attendent le commandement de personne. Nous al-