Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/179

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Il fut sourd ; que lui importaient ses complices !

Les bohémiens furent forcés de s’élancer dans la manœuvre pour essayer de se délivrer. Leurs femmes et leurs enfants poussaient des cris lamentables.

C’était la contre-partie de la scène de terreur et de confusion qui avait eu lieu en ce même endroit, quelques heures auparavant, parmi les vassaux éperdus de la seigneurie.

Bois-Doré, toujours à cheval et entouré des siens, tenait désormais en cage tous les débris de cette horde d’assassins et de voleurs. Leurs femmes, devenues furieuses pour défendre leurs enfants, se retournaient contre lui avec la rage du désespoir.

— Rendez-vous ! rendez-vous tous ! s’écria le marquis pris de pitié ; je fais grâce à cause des enfants !

Mais personne ne se rendait : ces malheureux ne croyaient pas à la générosité du vainqueur ; ils ne comprenaient pas la bonté, — chose rare chez les seigneurs de cette époque, il faut en convenir.

Le marquis fut forcé d’arrêter ses gens pour empêcher, comme il l’a dit depuis, un massacre des innocents, si tant est qu’il y eût des innocents parmi ces petits sauvages, déjà dressés à toute la perversité dont ils étaient capables.

Enfin, la sarrasine fut levée et le pont s’abaissa.

Guillaume, aussi généreux que le marquis, eût fait grâce aux faibles ; mais à la grande surprise de Bois-Doré, les fuyards passèrent sans obstacle. Guillaume et son monde n’étaient pas là.

— Mille noms du diable ! s’écria Aristandre, ces démons se sauveront. Sus ! sus ! courons-leur sus ! Ah ! monsieur, il fallait, pendant que nous les tenions là, les hacher comme de la paille !…