Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/198

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ses aventures particulières, qu’elle n’avait pas encore eu le loisir de bien comprendre, Mario arriva avec elle au palais d’Astrée, dans ce labyrinthe où il avait passé une heure si agitée, la nuit précédente.

Le temps était doux. Les deux enfants s’assirent sur les marches de la petite chaumière.

Mario, sans être malade, avait un peu de fièvre dans la tête. De si violentes émotions l’avaient comme mûri soudainement, et Lauriane, en le regardant, fut frappée de l’expression de fermeté mélancolique qui avait changé son doux et limpide regard.

— Mon Mario, lui dit-elle, je crains que tu n’aies mal. Tu as eu peur et courage, fatigue et force, joie et chagrin tout ensemble dans cette abominable nuit ; mais tout cela est passé. Maître Jovelin répond de Mercédès, et elle jure qu’elle ne souffre guère. Tu as sauvé la vie de notre cher papa Sylvain, et vengé la mort de ton pauvre père. Tout cela te fait grand et brave garçon, à cette heure ; mais il faut ne pas rester soucieux, et plutôt songer à remercier Dieu du bon secours qu’il t’a donné en cette affaire.

— J’y songe bien, ma Lauriane, répondit Mario ; mais je songe aussi à une chose que mon père m’a dite ce matin, après quoi tu m’as embrassé en disant : « Oui, oui ; » et cette chose me revient à présent. Je ne l’ai pas comprise, et il faut que tu me l’expliques. Mon père a dit que j’avais conquis l’espoir de te plaire. Est-ce donc que, jusqu’à ce jour, je ne te plaisais point ?

— Si fait, Mario ; tu me plais grandement, puisque je t’aime beaucoup.

— À la bonne heure ! Mais, quand mon père dit quelquefois en riant que je serai ton mari, est-ce que tu crois que cela pourrait arriver ?