Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/20

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se précautionner contre l’artifice des hommes sans le faire connoître. Il aimoit à profiter. Il a peu entrepris d’affaires qu’il n’ait fait réussir, en temporisant, quand il ne pouvoit en venir à bout d’autre sorte. Il sçavait éviter les occasions de rien perdre de ce qui lui étoit dû et profiter de celles qui pouvoient l’augmenter en quelque chose… Enfin, — dit plaisamment pour conclure le bon Lenet, — il m’a semblé un grand homme et fort extraordinaire. »

Soit !

Quant au portrait physique du prince, voici comment une plus illustre plume que celle de Lenet le définit dans une lettre particulière :

« Une figure agréable au premier abord ; tête allongée, assez régulière ; rien de la puissance ni de la bizarrerie des traits de son fils, le grand Condé ; les yeux riants ; assez de grâce dans ce visage bien encadré par la longue chevelure ; les moustaches relevées, l’épaisse et longue royale. De l’incertitude dans les plans du front, qui est moyen, avec les régions supérieures assez développées ; de la mollesse dans les joues. Ce regard souriant est de ceux sous lesquels on sent, avec quelque attention, le manque de dignité et de sérieuse croyance, une petite personnalité égoïste et beaucoup d’indifférence.

» Mais c’est là la seconde impression ; la première est assez agréable.

» Le meilleur de ses portraits gravés porte la devise Semper prudentia[1]. »

La statue de Mercure, le dieu des filous, plantée sur le haut de son donjon, en dit encore davantage.

  1. Henri Martin, Lettre inédite.