Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/205

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point fautif de ce qui a pu arriver, j’en jure mon chrême et mon baptême ! »

Il a eu la fièvre tout le jour durant, et battait la campagne. Enfin, à ce soir, il s’est senti mieux et a souhaité revenir chez lui, où je l’ai ramené en croupe derrière moi, sur ma jument poulinière, en parlant sauf respect.

— Allons l’interroger, dit Guillaume en se levant.

— Non, répondit le marquis, laissons-le dormir. Il en a aussi grand besoin que nous-mêmes. Et que nous révélerait-il que nous ne sachions trop maintenant ? Et de quoi le pourrions-nous accuser ? Il a été assister M. d’Alvimar mourant, c’était son devoir. En apprenant ce qui se complotait là-bas contre moi, s’il n’a pas menacé de le trahir, tout au moins il a refusé de s’y associer. Et voilà pourquoi les bohémiens l’ont garrotté et bâillonné.

Guillaume objecta que M. Poulain était un dangereux recteur pour la seigneurie de Briantes, et qu’il fallait tout au moins menacer de le compromettre dans l’affaire des reîtres pour le tenir soumis ou éloigné.

Le marquis refusa absolument de tourmenter un homme qui lui semblait assez puni par le traitement brutal dont il avait souffert et le risque qu’il avait couru de périr oublié et réduit au silence dans une geôle.

Eh quoi ! dit-il, nous sommes venus à bout, par la grâce de Dieu, de quarante reîtres bien équipés et munis d’un canon ; d’une bande d’adroits et agiles larrons ; d’un terrible incendie et du plus infâme guet-apens, et nous songerions à tirer vengeance d’un pauvre prêtre qui ne peut plus rien contre nous !

Le marquis oubliait qu’il n’était pas encore quitte de tout danger.

M. le Prince, parti en toute hâte pour rejoindre la