Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/214

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pour résister aux influences qui menaçaient de la circonvenir, car le marquis prenait son projet au sérieux, et M. de Beuvre, dans ses lettres, semblait cacher, sous des plaisanteries, un grand désir de le voir se réaliser un jour.

Lauriane n’appelait pas résolûment l’amour dans ses rêves de bonheur et de mariage ; mais elle sentait vaguement que ce serait trop de se marier deux fois sans le connaître.

Elle voyait donc un nuage encore léger, mais peut-être inquiétant, passer sur sa tranquillité présente et sur la douceur de ses relations avec les beaux messieurs de Bois-Doré.

Cependant elle se rassura dès le lendemain.

Mario avait dormi profondément ; les roses de l’enfance avaient refleuri sur ses joues satinées ; ses beaux yeux avaient repris leur limpidité angélique, et le sourire du bonheur confiant voltigeait sur ses lèvres. Il était redevenu enfant.

À peine eut-il vu son père reposé, sa Mercédès calme, et tout son monde sur pied, qu’il courut à l’écurie embrasser son petit cheval, au village s’informer de la santé de tous, puis au jardin faire voler sa toupie, et dans la basse-cour s’exercer à escalader les débris incendiés.

Il revint donner de tendres soins à sa Morisque, et il lui tint fidèle compagnie tant qu’elle fut forcée de garder la chambre.

Mais, dès que toute appréhension fut dissipée, il redevint complétement l’heureux Mario, tour à tour assidu au travail et ardent au plaisir, que Lauriane pouvait encore chérir et caresser saintement sans appréhension du lendemain.

C’était un bienfait de la nature envers l’organisation