Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/213

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Il eut d’abord une grande crainte de livrer sa vie à celui qu’il regardait comme un ennemi naturel. Mais les soins de l’Italien le soulagèrent si énergiquement, qu’il sentit entrer dans son cœur une sorte de gratitude, surtout quand Lucilio refusa obstinément toute rémunération.

Le recteur fut forcé aussi de remercier sincèrement les beaux messieurs de Bois-Doré, qui l’avaient, durant son mal, secouru et fait secourir avec une sollicitude égale à celle qu’ils témoignaient à leurs amis.




LXII


Lauriane s’était endormie, le jour de son explication matrimoniale avec Mario, un peu inquiète de la surexcitation de cœur et des préoccupations d’avenir de cet aimable enfant.

Si peu expérimentée qu’elle fût, elle devinait un peu mieux la vie, et prévoyait que, lorsque Mario serait en âge de distinguer l’amour de l’amitié, il serait encore trop jeune relativement à elle pour lui inspirer autre chose qu’un sentiment de fraternelle protection.

Elle souriait mélancoliquement à l’idée d’une combinaison de circonstances qui lui prescrirait d’épouser un enfant, après avoir été déjà mariée enfant elle-même, et elle se disait que sa destinée serait alors un problème étrange, peut-être douloureux et fatal.

Elle était donc triste et s’armait de résolution