Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/218

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malade. Elle fut chassée de la ville et du pays, avec défense, sous peine de mort, d’y jamais reparaître.

La Morisque était guérie, et Lucilio, témoin de sa vertu dans les souffrances, qu’elle avait supportées avec une sorte de joie exaltée, commençait à s’attacher à elle très-particulièrement. Mais il eût craint de paraître insensé en le lui disant, et leur affection, soigneusement cachée de part et d’autre, se reportait sur les enfants, Lauriane et Mario, avec une sorte d’émulation.

Madame Pignoux fut amicalement récompensée, ainsi que sa fidèle servante. Elles avaient échappé aux mauvais traitements par la fuite. L’auberge du Geault-Rouge avait échappé à l’incendie, grâce à l’empressement de l’ennemi à poursuivre l’expédition.

On recevait de loin en loin des nouvelles de M. de Beuvre. Il y eut des intervalles bien douloureux pour sa fille. Ce fut lorsque les Rochelois et les seigneurs qui s’étaient joints à eux se firent corsaires sur l’Océan, et conçurent le hardi projet d’occuper les embouchures de la Loire et de la Gironde, afin de rançonner tout le commerce des deux fleuves. De Beuvre avait fait entrevoir le projet de suivre Soubise dans ces expéditions périlleuses.

Dans ses moments de douleur, Lauriane était entourée de tendres consolations ; mais nulles n’étaient aussi ingénieuses et aussi merveilleusement assidues que celles de Mario. Son cœur aimant et son esprit délicat trouvaient des paroles d’encouragement dont la naïveté suave forçait Lauriane à sourire au milieu de ses larmes ; elle ne pouvait s’empêcher d’appeler Mario quand les autres ne parvenaient pas à la distraire de ses idées sombres.

Elle disait alors à Mercédès :

— Je ne sais quel esprit de lumière Dieu a mis dans cet enfant ; mais un petit mot de lui me fait plus de bien