Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/223

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et il implorait du regard, à la dérobée, le génie fécond d’Adamas.

Adamas allait et venait, faisant l’agréable avec les archers, se grattant la tête avec désespoir quand on ne le voyait pas.

Il songea bien à inonder le préau en levant, de ce côté-là, les pelles de l’étang, ou à mettre le feu à la maison au moyen de quelques fagots entassés dans le hangar, sauf à se griller un peu la barbe pour l’éteindre quand on aurait réussi à éloigner l’ennemi ; mais, au milieu de ses perplexités, il vit arriver Lauriane calme et fière, donnant le bras à Mario pâle et pensif.

La Morisque les suivait en pleurant.

Quatre gardes de la prévôté les accompagnaient assez respectueusement.

Voici ce qui s’était passé.

Lauriane s’était fait expliquer de quoi il s’agissait. Elle avait compris que toute résistance pour la sauver attirerait sur ses amis l’accusation de haute trahison. Elle savait bien que son père avait joué sa tête, et, en le voyant partir, elle avait bien prévu que sa propre liberté serait menacée un jour ou l’autre. Elle n’en avait jamais dit un mot ; mais elle était prête à tout subir plutôt que de renier ses opinions.

Ce fut en vain que Mario et Mercédès la supplièrent avec passion de se taire et de se tenir tranquille : elle éleva la voix en déclarant et jurant qu’elle voulait se livrer ; et, lorsque les gardes qui la cherchaient approchèrent de la prairie, elle en était déjà sortie et marchait droit à eux.

Ils hésitaient à s’emparer d’elle, doutant, à son assurance, que ce fût elle, en effet.

Mais elle se nomma, en leur disant :