Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/222

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Ils faisaient donc consciencieusement leur office, espérant que M. de Bois-Doré ferait menace et résistance, auquel cas, n’étant peut-être pas les plus forts, ils étaient tout prêts et tout disposés à déguerpir, comme c’était assez la coutume dans les différends entre la force provinciale exécutive et les seigneurs de campagne récalcitrants.

Le marquis voyait bien la situation, et Aristandre se mangeait les poings d’impatience, attendant le signal de tomber sur le dos de MM. les gardes. Mais Bois-Doré sentait que le cas était grave, et qu’il ne s’agissait pas seulement de rosser le guet dans une affaire de clocher.

M. de Beuvre était trop compromis pour que la défense de sa cause ne fût pas un acte de rébellion contre l’autorité royale, et ces portes gardées au nom du roi l’étaient mieux en cette circonstance que par une armée, aux yeux de tout châtelain patriote.

Bois-Doré, malgré son antique bataillerie de caractère et son vieux fonds de protestantisme incorrigible, avait toujours, depuis la fin des Valois, personnifié la France dans le roi, et, à cette époque, où les derniers efforts de la Réforme allaient, involontairement sans doute, mais fatalement, à nous livrer aux ennemis de l’extérieur, Bois-Doré était dans le vrai sentiment de la nationalité.

Cependant il ne voulait à aucun prix abandonner la fille de son ami.

Il savait quelles persécutions on exerçait dans les couvents contre les enfants des familles protestantes, et par quelle résistance énergique Lauriane aggraverait peut-être contre elle-même la rigueur de ces persécutions.

Il fallait échapper à cette nouvelle crise par adresse,