Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/225

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Le marquis emmenait effectivement, dans sa grand’carroche, Adamas et Mercédès. Clindor monta sur le siége avec Aristandre.

Il fut convenu que Lucilio, sur le compte duquel le marquis n’était pas très-rassuré, se rendrait secrètement à Bourges de son côté.

— Monsieur, dit Adamas au marquis, lorsqu’ils eurent dépassé La Châtre, je la tiens !

— Quoi, mon ami ? que tiens-tu ?

— Mon idée ! Quand nous serons à Étalié, nous demanderons à prendre un instant de repos chez madame Pignoux. Elle a une filleule de l’âge de madame Lauriane, avec laquelle nous la ferons changer d’habits et que nous emmènerons à la place de madame.

— Mais cette filleule se trouvera-t-elle là à point nommé ?

— Si elle ne s’y trouve point, dit Mario, que ranimaient les projets d’Adamas, c’est moi qui prendrai la jupe, l’écharpe de tête et le chaperon de Lauriane, et je serai censé rester chez madame Pignoux, tandis qu’elle restera en ma place dans l’auberge, d’où il lui sera aisé de se sauver chez Guillaume ou chez M. Robin, quand nous serons un peu loin.

— Mes enfants, dit le marquis, faites tout pour le mieux, mais ne me dites rien ; car on est bien gêné de ne pouvoir nier sur sa parole, et on me le demandera certainement quand la feinte sera découverte. Tentez donc quelque autre chose et parlez bas. Je ne vous écoute point du tout.

— Vous oubliez, dit Lauriane, que je ne me prêterai à aucune chose pour me mettre en liberté. Ne cherchez point, Adamas ; et toi, Mario, prends-en ton parti. J’ai juré à Dieu d’accepter mon sort.