Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/227

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Ce couvent était de ceux où l’ardente propagande jésuitique n’avait pas encore pénétré. Les religieuses cloîtrées, vouées à la vie contemplative, ne menaçaient pas Lauriane d’un prosélytisme trop rigoureux.

Le marquis eut avec la supérieure une conférence dans laquelle il sut la bien disposer en faveur de la jeune recluse, et il obtint la permission de la voir tous les jours avec Mario, au parloir, en présence de la sœur écoute.

Malgré cette espérance, le cœur de Mario se brisa lorsqu’il entendit retomber, entre lui et sa chère compagne, la lourde porte du couvent.

Il lui semblait qu’elle n’en sortirait plus jamais, et il n’était pas non plus sans inquiétude pour Mercédès, qui s’efforçait de sourire en le quittant, mais qui devint un instant comme folle quand elle ne le vit plus et qu’elle se sentit condamnée, pour la première fois de sa vie, à dormir sous un autre toit.

Aussi ne dormit-elle guère, non plus que Lauriane. Elles causèrent presque toute la nuit, et pleurèrent ensemble, ne craignant plus d’affliger Mario de leur douleur.

— Ma Mercédès, disait Lauriane en embrassant la Morisque, je sais quel sacrifice tu me fais en te séparant de ton enfant pour me consoler.

— Ma fille, lui répondit la Morisque, je te confesse que c’est encore Mario que je console en toi, puisque Mario t’aime peut-être encore plus qu’il ne m’aime. Ne dis pas que non : je l’ai bien vu ; mais je ne suis point jalouse de toi, car je sens que tu feras le bonheur de sa vie.

Il n’y avait pas moyen d’ôter à la Morisque la persuasion