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LXIV


L’été de 1622 se passa ainsi sans que le marquis, par prières ou menaces, pût obtenir l’élargissement sous caution de la prisonnière.

M. Biet, craignant d’avoir fait une sottise, s’était fait autoriser, après coup, à cloîtrer madame de Beuvre.

L’absence prolongée et le silence absolu du père empiraient beaucoup la situation. Il devenait fort inutile d’en nier les motifs. Personne ne pouvait plus en douter ; aux instances et reproches du marquis, M. Biet répondit, avec un sourire amer :

— Mais que ce gentilhomme vienne donc chercher sa fille ? Elle lui sera rendue à l’instant, ainsi que l’administration de ses biens.

Lucilio était établi à Bourges, sous un faux nom, dans le faubourg de Saint-Ambroise.

Il ne voyait personne que Mario, qui venait sans équipage, sans parure et sans bruit, prendre ses leçons.

Mercédès, qui avait la liberté de sortir, venait lui servir ses repas, auxquels le philosophe, absorbé par son travail, n’eût probablement pas assez songé.

On sentit, en cette circonstance, que M. Poulain s’était fort amendé.

Il était encore à Bourges, occupé d’obtenir l’autorisation d’être abbé, lorsqu’un jour Lucilio se trouva face à face avec lui dans le petit jardin qui tenait à son humble appartement.