Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/23

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pour quelle raison vous avez souhaité de me voir, au lieu de vous adresser à vos supérieurs naturels, messieurs du clergé ?

— Monseigneur, répondit le recteur, une telle affaire n’étant point du ressort de l’Église…

— Quelle affaire ?

— L’assassinat de M. d’Alvimar, je n’ai point d’autre souci. Votre Altesse me fait l’injure de croire que je me suis servi de ce fait comme d’un prétexte pour parvenir auprès d’elle, afin de pouvoir lui adresser quelque requête personnelle ; il n’en est point ainsi. Je ne suis mû que par le déplaisir dont tout sincère catholique est saisi en voyant les prétendus recommencer, en ce pays, leurs larcins et massacres.

— Vous ne m’aviez point parlé de larcin, reprit le prince. Ce d’Alvimar avait-il quelque bien qu’on lui ait dérobé ?

— Je l’ignore, et ce n’est point là ce que je veux dire… J’ai eu l’honneur d’écrire à M. le Prince que ce Bois-Doré s’était enrichi du pillage des églises.

— Il est vrai, je me le rappelle, dit le prince. Ne m’avez-vous point donné à entendre qu’il avait, en sa gentilhommière, une manière de trésor caché ?

— J’ai donné à monseigneur des détails précis et fidèles. Une partie des richesses de l’abbaye de Fontgombaud est encore là.

— Et votre avis serait qu’on lui fît rendre gorge ? Ce serait malaisé, à moins d’y employer des gens de loi, et les lenteurs de la justice permettraient au vieux sournois de faire disparaître le corps du délit. Ne le pensez-vous point ?

— Peut-être, répondit l’abbé, M. d’Aloigny de Rochefort,