Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/231

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faisant part de ses petites connaissances fraîchement acquises.

C’était une manière de tuer la temps dans leurs entrevues de chaque jour ; car il n’y a pas de pire contrainte que l’impossibilité de s’épancher, devant témoins, avec les gens que l’on aime.

Les jésuites, qui déjà pénétraient tout en se glissant partout, tâchèrent de persuader au marquis de leur confier l’éducation de son charmant enfant. Il s’arrangea pour la leur laisser espérer, voyant bien qu’il ne faisait pas bon de rompre en visière avec eux.

Ils ne furent pas dupes de sa finesse et s’inquiétèrent des courses mystérieuses de Mario au faubourg. Ils le suivirent et s’inquiétèrent alors de maître Jovelin.

Mais M. Poulain arrangea tout, en déclarant qu’il connaissait Jovelin pour orthodoxe et que, d’ailleurs, il assistait aux leçons du petit gentilhomme.

M. Poulain les craignait plus qu’il ne les aimait ; mais il était de force à les jouer.

Enfin, les événements de la guerre se pressèrent ; la nouvelle de la paix de Montpellier arriva et donna lieu à de grands projets de réjouissance en l’honneur de M. le Prince, de la part de sa bonne ville de Bourges. Mais on dut y renoncer ; le Prince arriva inopinément, de fort méchante humeur, sentant que son rôle était fini.

Le roi l’avait joué : d’abord, il n’avait pas voulu mourir ; ensuite, il avait négocié la paix à son insu. Et puis la reine-mère avait repris quelque crédit. Richelieu avait obtenu le chapeau de cardinal, et, malgré tous les soins de M. le Prince, approchait insensiblement du pouvoir.

Condé ne fit que traverser la province et la ville. Il