Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/235

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Vous voyez en moi un garçon qui n’est ni mieux ni plus mal fait que bien d’autres ; assez ignorant, maître Jovelin ne dira pas le contraire ; assez riche et assez bien né, ce ne sont pas des vertus ; assez brave, ce n’est pas une vanterie ; enfin… J’attends quelqu’un qui veuille bien faire mon éloge ; car je ne m’entends guère, comme vous voyez, à me louer moi-même.

— Certes ! s’écria le marquis avec sa bienveillance accoutumée, vous êtes, mon cousin, plus que vous ne dites : la fleur des gentilshommes du pays, le miroir de la chevalerie, et, comme Alcidon, « tant estimé de ceux qui vous cognoissent, qu’il n’y a rien à quoi votre mérite ne puisse vous faire atteindre. »

— Laissons là vos fadaiseries de l’Astrée ! dit M. de Beuvre. Où voulez-vous en venir, Guillaume ? et d’où vient que vous quêtez nos louanges, quand personne céans ne songe à se plaindre de vous ?

— C’est qu’ayant à vous présenter une bien grosse requête, messire, j’aurais voulu avoir pour avocats auprès de vous tous ceux en qui vous avez le plus de confiance.

— Nous vous donnons tous témoignage de loyauté, bravoure, politesse et bonne amitié, dit Lauriane. À présent, parlez ; car nous sommes deux femmes ici, c’est-à-dire deux curieuses.

Lauriane n’eut pas plutôt parlé ainsi, qu’elle rougit et regretta ses paroles ; car le regard enthousiasmé et un peu fat du bon Guillaume lui fit tout à coup pressentir de quoi il s’agissait.

En effet, c’était une demande en mariage que Guillaume, encouragé par elle plus qu’elle ne l’eût souhaité, présenta à son père et à elle, invoquant toujours l’appui des personnes présentes, et mêlant l’hyperbole, la plaisanterie