Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/236

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et le sentiment d’une manière qui pouvait être regardée comme agréable et convenable dans l’esprit du temps.

Cette déclaration fut assez longuette et embrouillée, comme l’exigeait le savoir-vivre, bien qu’elle fût, au demeurant, hardie et franche, et cordiale envers tous les assistants.

Quand la chose fut devenue claire, les émotions diverses se peignirent sur le visage des auditeurs. M. de Bois-Doré marqua beaucoup d’embarras et un profond déplaisir, contenus le mieux possible. Lauriane baissa les yeux d’un air plus mélancolique que troublé. Mercédès chercha avec anxiété à lire dans les grands yeux de Mario. Mario s’était tourné vers la muraille ; personne ne vit sa figure. Lucilio regarda attentivement Lauriane.

M. de Beuvre resta seul impassible et sans expression autre que celle de la réflexion ; on eût dit qu’il faisait des lèvres un calcul imperceptible, mais absorbant.

Tout le monde garda le silence, et Guillaume se trouva un peu confus.

Mais ce silence pouvait être considéré comme un encouragement aussi bien que comme une désapprobation, et il mit un genou en terre devant Lauriane, comme pour attendre sa réponse dans l’attitude d’une soumission absolue.

— Relevez-vous, messire Guillaume, lui dit la jeune dame en se levant elle-même pour l’y décider plus vite. Vous nous surprenez par une idée que nous n’avions point et à laquelle nous ne pouvons pas répondre aussi vite qu’elle nous est venue.

— Elle ne m’est pas venue vite, répondit Guillaume. Il y a deux ou trois ans qu’elle est en moi. Mais votre